Après un parcours professionnel de plus de quinze ans dans la communication, le marketing et le commercial, Alexia Anglade décide de changer de vie alors qu’elle vient tout juste d’avoir 42 ans. Directrice marketing et commercial dans une école de commerce, membre du comité de direction, elle pilotait une équipe de vingt personnes : « Quand j’étais dans cette école, nous avons interrogé les étudiants et les étudiantes sur leurs prétentions salariales et nous avons été surpris de la différence de 5000 euros en moyenne exprimée en moins par les étudiantes ! On a alors décidé d’agir pour faire évoluer les mentalités et les idées reçues ». Le projet Equal Id a ainsi été lancé au sein de cette école pour permettre aux étudiantes de travailler avec des mentors et de recevoir des formations pour essayer de lutter contre leur auto-censure.
« Je me suis également lancée dans ces enjeux de parité parce que je me sentais concernée. Quand je me suis intéressée à ces sujets-là, je me suis rendue compte que c’était aussi mon histoire. Malgré mon évolution de carrière plutôt satisfaisante en entreprise, j’ai moi aussi pu faire preuve de sentiment d’imposture ou bien subi des discriminations. Plusieurs fois j’ai succédé à des hommes, plus payés que moi et malgré les éloges que l’on pouvait faire sur mon travail, je n’étais même pas choquée de gagner beaucoup moins qu’eux », confie l’ancienne directrice marketing. Pour toutes ces raisons, elle a eu envie de changer de voie : elle quitte son job, se forme au coaching professionnel et créée sa société Lumières s’il vous plaît. Spécialisée dans le développement de la parité dans les organisations, Alexia intervient aussi dans les écoles supérieures dont MediaSchool Toulouse.
« J’interviens auprès des entreprises et propose un accompagnement pour développer la parité c’est-à-dire des instances de direction paritaires avec autant d’hommes que de femmes. J’accompagne les femmes salariées pour qu’elles se libèrent de leur manque de confiance et de leur auto-censure », explique Alexia. En associant les hommes et les femmes dans une démarche constructive, la coach cherche à provoquer des déclics que ce soit chez les femmes comme chez les managers hommes et femmes, qui pilotent des équipes. Un seul ennemi à combattre : les stéréotypes de genre !
Au sein de MediaSchool Toulouse, ses interventions diffèrent selon les années d’études. En 4e année, l’intervenante propose une formation sur les stéréotypes de genre, les enjeux de la loi et les biais de comportements chez les femmes. En 5e année, elle fait travailler les étudiants et les étudiantes sur des mises en situation concrètes du quotidien pour savoir réagir face à des situations sexistes dans l’entreprise. Et savoir comment réagir, ça n’est pas si simple : « Je sais que les comportements peuvent être différents selon la personne en face, le caractère, la situation…mais j’explique que même si l’on ne parvient pas à s’exprimer sur le moment, il ne faut pas laisser passer et y revenir le lendemain. De même le rôle des témoins hommes ou femmes est important pour recadrer une situation sexiste où la personne concernée est sidérée et incapable de répondre ». « Les étudiants et les étudiantes de MediaSchool Toulouse, pour la plupart en alternance, sont très réceptifs à tous ces messages. Certains et certaines vivent parfois des situations sexistes, d’où l’importance d’en parler » ajoute-t-elle.
Alexia propose également une conférence aux professionnels de l’école (professeurs et intervenants entreprises) sur « Détendez-vous, nous sommes tous et toutes sexistes » pour une prise de conscience collective. Car les comportements sexistes au travail, anodins en apparence (couper la parole aux femmes, les attitudes condescendantes, les compliments excessifs sur le physique, les blagues misogynes...) ont un impact très négatif sur la posture des femmes et sur leur confiance.
« Ça me tient à cœur d’intervenir auprès des étudiants et des étudiantes et il faut agir vite. Il faudrait même commencer dans les écoles maternelles car les stéréotypes de genre font des dégâts dès le plus jeune âge », insiste Alexia.
« J’espère qu’un jour […] on fera sortir de l’ombre des femmes qui ont brillé »
En France la lutte contre le sexisme et les inégalités professionnelles est particulièrement d’actualité et ce depuis le lancement de la loi en 2011. La coach explique que les entreprises de plus de cinquante salariés, devront accueillir d’ici 2027, 30% de femmes dans les comités de direction et 40% d’ici 2030. Si les entreprises ne répondent pas à ces obligations elles sont passibles de sanctions. Alexia note la difficulté de mettre en place cette loi : « C’est encore plus complexe pour les entreprises qui embauchent peu de femmes surtout dans les secteurs plus « masculins » comme l’industrie ou le BTP par exemple ».
L’intervenante espère que les mentalités évoluent et que les femmes soient accompagnées pour se développer professionnellement et personnellement afin d’atteindre des postes de direction : « Mon souhait c’est que les croyances liées aux stéréotypes de genre, qui confortent tant la société, disparaissent. J’espère qu’un jour, même si ça doit mettre plusieurs décennies, la société pourra être à l’aise avec l’idée de parler aussi au féminin, d’écrire aussi au féminin et qu’on fera sortir de l’ombre des femmes qui ont brillé et qui ont réalisé de grandes choses ». L’invisibilité…la bulle dans laquelle sont enfermés des noms de femmes incroyables. Des noms que Pénélope Bagieu dévoile dans sa bande dessinée Les culottées.