495 000 apprentis en 2020, soit un bond de 40 % par rapport à 2019 selon l’Etudiant.fr. C’est un record pour l’alternance (contrats de professionnalisation et d’apprentissage) qui n’a jamais autant attiré de candidats. Du côté des entreprises, avec 4 500 contrats signés, c’est Carrefour France qui a le plus recruté d’alternants en 2020. L’année précédente, elle n’en comptait que 2 800. Certaines entreprises vont jusqu’à recruter 20,8 % d’alternants sur la totalité de leurs employés. La raison ? Avoir un jeune permet de recruter des super profils en CDI par la suite et d’acquérir de nouvelles compétences. C’est en tout cas ce qui a poussé The Adecco Group en France à recruter 397 alternants et 446 stagiaires en 2020.
Leader des solutions emplois, il accompagne les candidats et les entreprises de tous secteurs d’activité et sous toute forme d’emploi grâce à ses 17 marques. Investi depuis de nombreuses années pour le développement de l’alternance en France et membre actif de plusieurs associations dont le Club des Grands Partenaires de MediaSchool, le groupe est intimement convaincu que c’est la voie royale d’intégration sur le marché du travail pour un jeune et la réponse aux problèmes actuels de pénurie de compétences ainsi que l’émergence de nouveaux métiers pour les entreprises. Il a ainsi créé la Grande Ecole de l’alternance au service des entreprises en 2017. Une école hors mur autour de 17 filières métiers qui prône l’alternance sous toutes ses formes.
Manuela Guizzo, responsable du développement du réseau Adecco France, explique que « recourir à l’alternance et au stage doit répondre à une vraie politique RH d’intégration, un véritable besoin avec l’engagement au plus haut niveau de l’entreprise pour en faire une solution d’intégration vertueuse et positive. Il faut donner du temps aux jeunes qui rejoignent les équipes et leur donner un projet pour qu’ils puissent se projeter. La période n’en sera que plus bénéfique. » Ainsi, « l’alternant devient un collaborateur à part entière qui a le temps de bien comprendre le métier, les valeurs de l’entreprise et de s’y attacher ». Cette voie d’intégration représente donc une source de nouveaux collaborateurs. Un dispositif sur lequel Xavier Dupuys, alternant à l’IMM Paris (branche du pôle de formation continue de MediaSchool), compte pour trouver son premier emploi après son diplôme. Il affirme que dans son école précédente où il était en 4ème année en commerce, « beaucoup d’étudiants avaient été recrutés à la suite de leurs deux années d’alternance dans la même société. » Il aimerait lui aussi continuer à l’IMM Paris en CDI. Autre exemple, en 2018, 37 % d’alternants de l’Apec se sont vu proposer un tel contrat.
Ce type de formation offre également de la sécurité au recruteur. « Les entreprises devraient davantage développer l’alternance. Elle favorise les conditions de réussite vers un emploi permanent. Le jeune sait à l’issue de sa formation, à quoi s’attendre s’il reste au sein de l’entreprise car il aura découvert la réalité terrain. C’est souvent la première source de recrutement chez nous ! Beaucoup ont commencé en stage ou en apprentissage, et restent ensuite ! » Sans oublier qu’il s’agisse d’un vrai investissement pour l’entreprise qui s’engage à accompagner l’alternant ou le stagiaire afin de le rendre autonome dans ses missions. « Ça nécessite un vrai projet derrière mais qui garantit d’avoir un candidat formé et motivé à l’issue ». D’ailleurs, souvent, ces jeunes sont plein de dynamisme et de motivation puisqu’« ils ont envie d’apprendre et de progresser pour se donner toutes les chances de rester ». « Ils prennent donc plus à cœur la réussite de leurs tâches », constate celle qui a commencé chez Adecco France en tant que stagiaire, puis qui a grimpé les échelons. Aussi, « il a la particularité de s’adapter assez vite aux méthodes de l’entreprise car il n’a pas encore d’habitudes de travail, et ses préjugés sont moins ancrés. Cela est dû au fait qu’il soit encore au début de sa carrière. Il est donc plus simple pour l’entreprise de lui enseigner ses méthodes et de lui transmettre ses valeurs et sa culture. »
Intégrer des jeunes peut aussi faciliter la montée en compétences des équipes. Manuela Guizzo détaille : « Au sein du groupe Adecco, les stagiaires et alternants sont surtout présents dans le réseau sur des fonctions recrutements et commerciales au contact des candidats et des clients. Ils sont aussi dans nos directions supports, marketing, communication, RH et digitale, et en agence au contact des clients. Ce qui permet de faire du reverse mentoring ». Cette technique très utilisée pour se former consiste à voir le jeune, qui est normalement formé par un supérieur, comme un bon connaisseur de certains domaines. Cela permet d’avoir un échange de connaissances du supérieur vers le jeune mais aussi du jeune vers le supérieur. « Nous sommes très attachés à leur regard : ils nous challengent, proposent des initiatives et nous aident à faire évoluer nos processus et nos méthodes. C’est un bon moyen de découvrir et de se projeter dans l’entreprise qu’ils ont intégrée », ajoute-t-elle. « Il nous arrive fréquemment grâce à eux d’apprendre de nouvelles pratiques sur les réseaux sociaux, sur les approches marketing ou de découvrir de nouveaux outils CRM de gestion client ». En fait, « ils ont les dernières tendances marketing, web pour nous guider, conseiller et informer ».
En parallèle, ils aident à mieux appréhender le recrutement. « Les jeunes étant nombreux sur le marché de l’emploi, nous avons besoin de savoir comment ils cherchent un travail et comment les attirer vers nous. » Pour cela, Manuela Guizzo et ses équipes s’appuient sur leurs alternants et stagiaires. « Ils nous donnent leur regard sur le suivi des candidatures, leur regard sur les opportunités qu’on peut leur offrir chez Adecco. Ils nous font leurs retours d’expérience et nous donnent des recommandations pour nous améliorer. Je pense vraiment qu’une entreprise qui recrute des alternants ou des stagiaires a tout à y gagner. »
Enfin, recruter des jeunes lors d’une alternance ou d’un stage est un levier d’image et d’attractivité pour l’entreprise. Manuela Guizzo estime qu’il s’agit d’une « preuve de dynamisme. Cela montre que l’on se remet en question et que l’entreprise veut insuffler un mouvement actuel au sein de ses équipes. » Ainsi, The Adecco Group choisit de recruter beaucoup de stagiaires entre trois et six mois et des alternants pour deux ans. « Ça nous permet de leur faire connaître l’ensemble des marques Adecco et de montrer qu’on ne fait pas que de l’intérim. »
Dernier avantage, s'il en fallait, l'aspect financier. Depuis la crise sanitaire, l’Etat aide les entreprises à sauter le pas en leur donnant 5 000 euros pour un alternant mineur et 8 000 euros pour un alternant majeur. Ce dispositif est donc une motivation à donner une chance aux étudiants plutôt qu’à un collaborateur qui a déjà de l’expérience.