« Le luxe a pris le sujet du développement durable à bras le corps il y a deux ans, et ne fait qu’accélérer ». C’est de ce constat qu’est née l’idée de la formation de Paris School of Luxury en deux ans sur le luxe – mode et beauté – durable. Pierre Kalaijian et Éric Briones, les deux co-fondateurs de l’école du groupe MediaSchool, ont ainsi imaginé la « première formation » qui s’intéresse à ce qu’Eric Briones appelle le « luxe nouveau ». Elle est accessible aux étudiants en poursuite d’étude (à partir d’un bac +3) et aux professionnels qui souhaitent soit se reconvertir, soit faire évoluer leur métier avec une conscience de développement durable, qui se positionne autant sur la question de l’écologie – avec l’impact sur l’environnement et la biodiversité – que sur le social. La 4ème et 5ème année en « Green Luxury » est une formation au « juste milieu » entre le marketing et la communication d’une part, et la science de l’autre. « Faire du marketing sans comprendre comment concevoir durablement n’aurait aucun sens », selon Éric Briones.
Les inscrits pourront assister à des cours dispensés par des intervenants spécialistes du sujet et le programme de formation a été imaginé avec l’aide d’Alexia Tronel, une entrepreneuse co-fondatrice de la marque de vêtements « engagée pour le changement », atelier Bartavelle. Parmi les sujets enseignés, on retrouve le marketing et management durable ; la communication durable ; la production écodesign ; l’entrepreneuriat avec une préoccupation sociale et un objectif au bout des deux années, de trouver un projet à monter ; et des cours de développement personnel pour éveiller sa conscience écologique. En complément, cinq semaines intensives leur seront proposées sur les thématiques majeures de leurs futurs métiers. « La première semaine, explique Eric Briones, la “semaine d’éveil” présente la culture scientifique et économique du luxe nouveau. Elle forme à la croissance responsable. La deuxième, la “semaine de la transformation positive” incite, en première année, à réfléchir à comment produire durablement un produit, et, en deuxième année, elle fait réfléchir sur la transformation positive d’une marque. » La troisième semaine intensive, sur les données, porte sur la compréhension du consommateur qui a des exigences écologiques et comment la marque doit lui communiquer pour répondre à ses attentes et le faire consommer chez elle plutôt qu’ailleurs. Elle est encadrée par des collaborateurs d’Epsilon, une entreprise spécialisée dans le data marketing qui travaille déjà avec des étudiants de Paris School of Luxury sur la génération Z. La quatrième semaine est un « business game, reprend le co-fondateur de l’école. En première année, c’est un challenge sur la communication de crise en lien avec l’écologie et en deuxième, elle est orientée communication événementielle et doit répondre à un cahier des charges rigoureux respectant l’écologie. » Enfin, la cinquième et dernière semaine intensive a pour objectif de faire travailler les étudiants en équipe sur un projet de green entrepreneuriat qui leur tient à cœur. « En première année, ils vont imaginer une start-up en se faisant aider du média spécialisé The Good Goods, puis en deuxième, ils procèderont au “Pitch elevator” », termine-t-il. Le rythme de la formation est donc organisé en une journée de formation par semaine en distanciel, et cinq fois une semaine intensive en présentiel. En 900 heures de cours réparties en deux ans, les apprenants seront formés aux métiers de chef de produit, product manager, directeur de la communication RSE, directeur de la responsabilité sociale des entreprises, manager de la transition sociale et environnementale des entreprises, responsable RSE, Green entrepreneur, consultant en responsabilité sociétale des entreprises … « Je suis extrêmement serein sur l’employabilité des étudiants », assure Éric Briones.
Pour imaginer cette nouvelle formation, les deux co-fondateurs sont allés voir les marques et les maisons de luxe pour comprendre les profils dont elles ont besoin pour faire face à la conscience écologique et sociale grandissante. En quelques chiffres, la mode, c’est 93 milliards de m3 d’eau utilisés tous les ans, soit 20 % de la quantité totale de gâchis annuel de la ressource. L’industrie de la mode, c’est aussi 10 % des émissions de CO2 mondiales et 10 à 20 % de l’usage mondial de pesticides selon World Bank. Face à l’ampleur de la situation, les marques doivent s’adapter et notamment en recrutant des collaborateurs avertis leur permettant soit de « participer au projet de transformation », soit en « apportant le développement durable dans une marque déjà existante ». Pour y répondre, la formation s’est dotée de son propre comité de pilotage composé de consultants, designers, marques, maisons de luxe, médias spécialisés … Parmi eux, Grégory Pouy, Comité Colbert, Aigle, Lacoste, Icicle, Mugler, Courbet... Éric Briones estime que cette formation « c’est à la fois une opportunité d’employabilité formidable » et « c’est aussi un chemin de vie », car les emplois classiques se sont réinventés en prenant en compte l’importance du développement durable et que de nouveaux emplois ont été créés pour répondre à ce mouvement. Donc, « suivre cette formation permet un alignement entre ses convictions et son employabilité », résume-t-il.