Dans un monde en pleine mutation écologique, les entreprises jouent un rôle crucial dans la transition vers des systèmes soutenables. Pour discuter de cette transformation, les apprenants de la Green Management School ont eu l’honneur de rencontrer Emery Jacquillat, un pionnier de la transition écologique des entreprises. Pendant toute une matinée, Il a partagé avec eux son point de vue sur la façon de redonner du sens à l’entreprise, notamment via le statut d’entreprise à mission.
La transformation de la Camif en une entreprise à mission est le fruit d'une évolution remarquable qui trouve ses racines dans son histoire riche et ses valeurs fondatrices. Fondée en 1947 par Edmond Proust dans un contexte d'après-guerre pour soutenir les sociétaires de la MAIF dans leur rééquipement, la Camif s'est rapidement démarquée en adoptant une approche coopérative et axée sur la qualité.
Dès ses débuts, la Camif s'est distinguée en intégrant un laboratoire dédié à l'innovation et à la qualité de ses produits. Ce souci constant de garantir des produits de qualité et accessibles a forgé la réputation solide de l'entreprise au fil des ans. En 1963, avec l'ouverture de son premier magasin à Niort, la Camif poursuit sa croissance tout en restant fidèle à ses valeurs coopératives.
Cependant, malgré son succès initial, la Camif rencontre des difficultés financières. Ainsi, en 2008, elle est déclarée en cessation de paiements, marquant un tournant critique dans son histoire. C'est à ce moment précis que l'histoire de la Camif prend un nouveau départ, sous la direction visionnaire d'Emery Jacquillat. En 2009, Emery Jacquillat, déjà reconnu pour son succès avec Matelsom, entreprend de reprendre et relancer la Camif, lui insufflant une nouvelle énergie et une vision résolument moderne... et engagée !
Emery Jacquillat, diplômé de HEC Paris en 1993, a fondé Matelsom, le premier site de vente en ligne de literie.
En tant qu'entrepreneur engagé, il a relancé la Camif en 2009 avec pour mission de redonner du sens à l’entreprise en se concentrant sur la consommation responsable et le Made in France.
Sous son impulsion, dès 2013, la Camif a commencé sa transformation en entreprise à mission, avec la création d'un comité de mission et l'inscription de cette mission dans ses statuts en 2017 : « Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l’Homme et de la planète. Mobiliser notre écosystème, collaborer et agir pour inventer de nouveaux modèles de consommation, de production et d’organisation. »
En 2015, la Camif a été l'une des premières entreprises à être labellisée B Corp, démontrant ainsi son engagement précoce envers des pratiques commerciales responsables et durables. Puis, en 2017, avant même la promulgation de la loi PACTE, la Camif est devenue une entreprise à mission, plaçant au cœur de son action un objectif clair : "Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l’Homme et de la planète."
Cette transition vers le statut d'entreprise à mission a été le résultat d'un processus réfléchi et d'un engagement profond envers les valeurs sociales et environnementales. Grâce à la détermination d'Emery Jacquillat et de son équipe, la Camif a non seulement survécu à ses difficultés passées, mais elle est également devenue un phare de l'engagement sociétal et environnemental dans le panorama entrepreneurial français.
L'évolution de la Camif vers le statut d'entreprise à mission est étroitement liée à l'influence et à la vision d'Emery Jacquillat. Parallèlement à ces démarcher visant à redonner du sens à l’entreprise Camif, il cofonde en 2018, aux côtés de Laurence Méhaignerie et Anne-France Bonnet, la Communauté des entreprises à mission, une initiative visant à réclamer la reconnaissance égale de l'entreprise à mission.
Tous trois ont affirmés leur engagement en publiant une tribune dans la presse le 19 juin 2018, annonçant ainsi la naissance officielle de la Communauté des Entreprises à Mission le 20 décembre 2018 en tant qu'association loi 1901.
En assumant la présidence de cette communauté, Emery Jacquillat contribue activement à faire reconnaître l'entreprise à mission comme un puissant levier de transformation sociale et environnementale, dans l’objectif d’en faire le standard de référence pour les entreprises en France et en Europe.
Son engagement soutenu a été largement reconnu par ses pairs et les institutions. En 2021, il est nommé Chevalier de l'Ordre National du Mérite, puis en 2022, Personnalité de l'Année par le Grand Prix ESSEC du Commerce Responsable. Il remet même, en 2023, un rapport sur la TVA circulaire au ministre de l’Écologie Christophe Béchu.
Emery Jacquillat a partagé sa vision avec les apprenants de deuxième année, expliquant pourquoi il considère l’entreprise comme le levier le plus puissant pour la transition écologique. Il a évoqué le triangle de l’inaction, soulignant que l’entreprise peut mobiliser toute sa chaîne de valeur pour avoir un impact significatif :
« Le levier de l'entreprise me semble être le plus puissant levier qu'on ait à disposition. Bien sûr, on peut attendre que les consommateurs bougent, bien sûr on peut attendre que l'État bouge, mais si on attend, on rentre dans le triangle de l'inaction. Et moi je crois que le meilleur lieu de l'action, c'est le lieu de l'action collective et l'entreprise est un des lieux de l'action collective.
Pourquoi ? Je l'ai choisi parce que j'ai été entrepreneur et qu'aujourd'hui, en tant que dirigeant, je pense que notre responsabilité c'est de bâtir ces nouveaux récits d'un monde soutenable et l'entreprise peut, parce qu'elle peut mobiliser toute sa chaîne de valeur en amont, mais également ses consommateurs en aval. Elle a un pouvoir d'influence qui est considérable à partir du moment où elle se met-elle même en question, sur sa contribution, sur son rôle, sur sa mission. »
La Camif s'est engagée dans cette voie, avec une mission claire inscrite dans ses statuts depuis 2017.
Emery Jacquillat, visiblement grand adorateur des acronymes détournés, a évoqué la méthode CAMIF, un acronyme qui résume la démarche de l'entreprise pour engager toutes ses parties prenantes, des clients aux actionnaires, en passant par les fournisseurs et salariés.
Cette méthode - en plus de rappeler le nom d’une certaine société d’ameublement engagée - permet de créer un écosystème collaboratif où chaque partie prenante joue un rôle dans la transition de l'entreprise :
Cette approche créative permet à la Camif de maximiser son impact positif et de démontrer que la transition écologique d’une entreprise, même complexe, est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour tous les acteurs impliqués.
« Dans ces entreprises, le bien-être au travail, la diversité et l'inclusion ne sont pas de simples mots à la mode, mais des composantes essentielles des politiques de ressources humaines (RH). (...) Dans les entreprises à mission, nous croyons plutôt qu’il faut faire confiance à la diversité et à l’intelligence collective pour faire émerger de nouveaux modèles ! S'investir dans une entreprise qui aspire à changer le monde est à la fois gratifiant et noble. Et si, en plus, l'employeur se montre attentif au bien-être et à l'épanouissement professionnel de ses salariés, pourquoi seraient-ils tentés d’aller chercher ailleurs ? » ¹
L’une de nos apprenantes, Valentina Bressan, a été particulièrement touché par cette rencontre inspirante avec le président de la Camif. Ces moments de cohésion, de partage de valeurs sont toujours profondément motivant pour des managers de la transition écologique en devenir :
« Avec ma promotion de deuxième année de master à la Green Management School, nous avons eu le privilège et le plaisir immense de rencontrer et échanger avec Emery Jacquillat Président de la Camif et cofondateur de la Communauté des Entreprises à Mission.
Cette rencontre fait partie des plus lumineuses que j’ai jamais faites de ma vie : le brillant parcours d’Emery Jacquillat, son enthousiasme, ses convictions profondes et sa vision pragmatique et concrète des étapes nécessaires pour provoquer une réelle transformation des entreprises pour avoir un impact global et significatif dans la transformation de l’économie...
Au départ très loin de mon parcours ou de mon domaine d’activité, celui de la culture, Emery Jacquillat est pourtant une des personnalités les plus créatives et audacieuses que je n’ai jamais rencontrée.
Cette rencontre conforte pleinement mon intuition que la créativité peut tout à fait avoir une place significative dans la transformation que notre économie et notre société doivent opérer.
Mais tout doit partir du sens : trouver le sens pour créer l’engagement qui pourra ensuite apporter la satisfaction. Ce chemin ne doit pas s’inverser. Trop souvent aujourd’hui à titre individuel ou collectif nous recherchons une satisfaction rapide pour engager une dynamique et un engagement qui vont se heurter à un manque de sens.
N’ayons pas peur d’emprunter et expérimenter des chemins inattendus ! »
Dans le cadre de la transition écologique et solidaire, la formation des ressources humaines joue un rôle crucial. Les entreprises à mission nécessitent des stratégies spécifiques qui ne peuvent être mises en œuvre sans une équipe formée et engagée.
Chez Green Management School, nous formons des managers capables de porter ces stratégies avec conviction et pertinence.
Pour redonner du sens à l'entreprise, il est indispensable de sensibiliser et d'éduquer les collaborateurs sur les enjeux environnementaux et sociaux, afin, non seulement d'améliorer leur compréhension des défis actuels, mais aussi de les rendre acteurs du changement. Notre programme est conçu pour développer des compétences transversales permettant d’acquérir :
Le concept de l’entreprise à mission a été approfondi dans la conférence qu’a donné Elisabeth Laville à nos diplômés : “ L’art du conseil RSE : les clefs du succès selon Elisabeth Laville ” .
Durant cette conférence, différents points avaient été abordés, directement liés à la mission de l’entreprise et son ancrage dans celle-ci, et au rayonnement de ses valeurs, tant en interne qu’après des publics et parties prenantes externes :
Elisabeth Laville croit fermement que la transition vers un développement durable est avant tout un changement culturel : 50% des progrès viendront effectivement de la technologie, mais les 50% restants viendront d'un changement de culture, comme le souligne l’Agence Internationale de l’Énergie.
Cette vision est soutenue par l'idée que l'écologie politique et l’écologie scientifique, bien que cruciales, peuvent être pesantes, et qu'il est essentiel d'aborder les problèmes par le prisme de la culture pour inspirer et rassembler les individus et les organisations autour d’un récit commun.
Elisabeth Laville insiste sur l'importance de l'incarnation des valeurs de l'entreprise. Pour son cabinet Utopies par exemple, elle applique à elle-même ce qu'elle recommande à ses clients. Cela renforce la crédibilité et la légitimité de ses conseils.
Elisabeth Laville prône un pragmatisme nuancé, un équilibre entre l'utopie et des actions concrètes et immédiates. Elle cite l'exemple de l'"acupuncture urbaine" de Jaime Lerner, où de petits projets ciblés peuvent induire des changements significatifs dans des systèmes complexes. Ce pragmatisme se traduit par une approche locale, en commençant par des actions à petite échelle, susceptibles d’avoir des répercussions positives plus larges.
La mise en œuvre d’une mission d'entreprise n’est pas sans défis. Les changements demandent du temps et une grande dose d’humilité. Laville évoque une philosophie stoïcienne où l'impact immédiat n'est pas toujours visible, mais chaque petite action compte.
Même les missions les plus transformatrices peuvent partir de situations difficiles et évoluer positivement grâce à des relations de confiance et une ambition partagée.
Redonner du sens à l’entreprise à travers une mission clairement définie et mise en œuvre est un processus complexe et exigeant. En suivant les exemples inspirants d’Emery Jacquillat et d’Elisabeth Laville, les entreprises peuvent devenir des moteurs puissants de la transition écologique.
Cela implique de fixer un cap clair, d'incarner les valeurs prônées, d'aborder le changement comme un processus culturel et de rester pragmatique dans les actions entreprises. Comme le dit Elisabeth Laville, ce qui compte ce sont " des actes, des actes, des actes, des pratiques, des pratiques, des pratiques ".
Pour nos futurs managers formés à la Green Management School, ces rencontres et enseignements sont essentiels pour comprendre comment bâtir un avenir durable et équitable.
À nouveau, un grand merci à Nathalie Croisé, animatrice de pédagogie de terrain à Paris, qui propose chaque fois de belles rencontres et découvertes à nos apprenants, et un grand merci bien sûr à Emery Jacquillat pour son temps.
Découvrez comment redonner du sens à l’entreprise et conduire le changement en téléchargeant notre brochure complète !