Elsa Woeffler : Pas du tout ! Avant l’IEJ, j’étais en faculté de droit, car je voulais devenir avocate. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas fait pour moi et j’ai décidé de trouver une autre formation. Je me suis alors souvenu d’une phrase de mon père « je te vois bien journaliste ». C’est vrai que depuis que je suis petite, je ne lâche pas les écrans de télévision pour regarder l’actualité. J’ai alors eu ce déclic et je me suis dit « allez, lance-toi ! ».
Sabrina Claus : J’avais toujours cette idée dans un coin de ma tête, mais je ne pensais pas que c’était possible. Pour moi, c’était un monde à part. En terminale, je me suis inscrite à plusieurs écoles, mais ça n’a rien donné. Pendant le confinement, j’ai bien réfléchi, je me suis renseignée et grâce au soutien de mes parents, j’ai candidaté à l’IEJ.
Lionel Romani : Avant d’être à l’IEJ, j’étais en faculté, mais j’avais toujours le journalisme en tête. J’ai alors quitté la faculté et je suis parti à l’IEJ. Je me suis rapidement rendu compte que les cours et le fait d’être sur le terrain me plaisaient.
E.W : En échangeant avec les intervenants, j’ai eu cette envie. Un beau jour, j’en ai parlé à mes parents, leur expliquant que je ne supportais pas l’idée d’être à Strasbourg alors qu’il se passait des choses ailleurs. Mon père m’a dit qu’il m’accompagnait. Le voyage s’est organisé en une semaine, on a pris la voiture et on est partis pour trois jours.
S.C/L.R : Nous sommes partis ensemble pour cinq jours. L’invasion de la Russie a commencé alors qu’on était en pleine semaine de projets. On avait la télé devant le nez, on voyait les actualités, ce qui nous amenait à échanger avec l’un de nos intervenants, qui étaient parti en Ukraine. On avait déjà cette idée en amont, mais le fait d’en parler avec lui nous a donné encore plus envie.
E.W : Dès mon arrivée, nous sommes allés à Cracovie et le lendemain à Medyka. On a passé la journée avec les associations dont beaucoup étaient françaises. Elles m’ont emmené un peu partout. Le surlendemain, on est retournés à Cracovie, car je voulais avoir l’avis des Polonais et voir un centre de réfugiés, près de la gare. Mon projet était de faire un photoreportage, ce que j’ai pu réaliser. Sur place, j’ai trouvé plein de contacts et le choix de mes sujets c’est fait petit à petit, en échangeant avec différentes personnes. Mon séjour s’est très bien passé même si au début, c’était compliqué, surtout au centre de réfugiés de Cracovie, car ils ne parlaient pas anglais. Mais, à Medyka j’ai pu échanger en anglais, heureusement !
S.C/L.R : On est arrivés à Varsovie où on est restés une journée. Ensuite, on s’est rendu à Radom puisque ça se trouvait sur le chemin de notre famille d’accueil. Sur la route, on s’est perdus en pleine forêt et on a découvert un grand centre d’accueil avec 80 femmes et enfants. Rapidement, on a rencontré beaucoup d’associations, de bénévoles, de réfugiés, mais c’était plus calme qu’au départ. On avait la chance d’avoir déjà beaucoup de contacts dont des associations et des centres d’accueil. Et puis les Polonais et les Ukrainiens étaient très gentils globalement. Le seul souci pouvait être la langue parfois mais on a réussi à trouver quelques personnes qui parlaient anglais. C’était parfait, comme ça on pouvait rédiger les articles pour le site de l’école. C’était un magnifique périple, mais c’était fatigant ! On a fait facilement 5 000 kilomètres en cinq jours.
E.W : Quand je suis arrivée à Medyka, je me suis posée près de la grille d’entrée. Près de moi, il y avait des gens qui attendaient. Je ne savais pas qui c’était. D’un coup, un couple se lève, se met devant mon appareil photo et une petite mamie arrive. Le couple se jette dessus. En fait, c’était les grandes retrouvailles ! Ce qui m’a marqué, c’est qu’aucun des trois n’a versé une larme, mais on sentait tellement de soulagement en eux. Dans mon objectif, j’ai la scène de A à Z et ça fait chaud au cœur.
S. C : J’ai l’image d’un papa, à Medyka, qui retrouve sa famille. En tendant l’oreille, j’ai entendu que ça faisait plus de 6 mois qu’il ne l’avait pas vu. J’ai cette image en tête, même encore aujourd’hui.
L.R : Le premier jour à Varsovie m’a marqué, car c’est là où tout a commencé ! J’ai sorti mon carnet et à ce moment-là, j’ai pris conscience que j’étais bien en Pologne et que j’allais écrire des articles. J’ai ressenti une sorte de boost en moi !
E.W : Ça m’a convaincu de ce que je faisais et pourquoi je le faisais. Comme je suis partie avec mon papa, j’étais la seule journaliste sur le terrain donc c’était un peu compliqué, car je devais travailler toute seule et je n’avais pas ce soutien d’un autre camarade. Mais personnellement, j’ai appris beaucoup sur moi-même, je me suis vu capable de faire ce métier de journaliste. Pendant mes études, j’ai pu avoir des périodes de doutes, mais là, je suis convaincue et surtout, je me sens capable de le faire.
S.C : Avant ce voyage, je rencontrais des difficultés pour aller vers les gens et cette expérience m’a permis de m’entraîner et de prendre confiance en moi. Ce séjour m’a conforté dans mon choix de métier et j’ai qu’une envie, c’est de repartir !
L.R : Cette expérience m’a appris à m’organiser. En une semaine, on a réussi à organiser un séjour de quelques jours et ce n’est pas chose simple. Personnellement, je pense que je suis devenu plus mature. Cette expérience m’a carrément fait grandir.